De son premier concert parisien en 2010 à sa signature chez Sony en passant par des premières parties pour Apparat à la Gaîté Lyrique, Owlle a mis quelques années à faire ce premier album sobrement intitulé FRANCE. Clin d’œil à son identité à l’état-civil probablement, France étant son prénom officiel.
FRANCE se présente à l’auditeur avec cette pochette stylisée, un peu body-painting, un peu androïde, très androgyne ; difficile de savoir ce qu’il en est. L’intérieur de FRANCE se présente de la même manière : androgyne, navigant entre les influences sans pour autant s’y accrocher réellement, allant jusqu’à se distancier de ce que l’on connaissait de Owlle jusqu’à présent. Owlle reste reconnaissable : le rythme entêtant de « Ticky Ticky » n’a pas changé, « Like a bow » ressemble à ce que l’on avait l’habitude d’entendre de la part d’Owlle (une voix claire et forte, un background électronique, une mélodie accrocheuse, etc.), « Disorder » n’a pas changée non plus et ponctue efficacement ce premier album.
FRANCE se repose sur les acquis mais pas que et se distance parfois beaucoup de ce que l’on attend. Cette distanciation atteint son apogée sur « Free », une des premières pistes sorties par Owlle. « Free » était une piste plutôt électronique, centrée sur l’omnichord et et sur la voix. La version finale change complètement de dimension avec l’ajout d’un piano, une refonte de la diction, du rythme, des basses… La chanson est prise, démontée et remontée différemment, le tout sans perdre ce qui la rendait propre à Owlle. Ce que l’on cherchait originellement se retrouve plus sur « Your eyes » ou sur « My light is gone » finalement, provoquant presque un éternel recommencement.
Difficile de laisser filer cet album tant le relief qu’il offre à l’oreille de l’auditeur est accentué. Les pistes se suivent mais ne se ressemblent pas, alternant des pistes conformes aux attentes – mais d’une facture non moins excellente –, et des pistes prenant l’auditeur par surprise (« Free » ou la si dansante « silence »). Les humeurs sont changeantes et plutôt difficiles à cerner, le tout est une alchimie d’humeurs déconcertante mais addictive.
Le tour de force de se premier album réside probablement dans la distanciation prise par rapport à ce que Owlle nous avait donné à écouter jusque là. Cet album est une réelle surprise à tant d’égards, le fait qu’il soit d’excellente facture ne fait qu’augmenter son potentiel d’addictivité. Finalement, Owlle signe un premier album magistral.
Owlle – FRANCE
Sortie le 20 janvier 2014
Label : Sony Music
